Et maintenant Bénarès, ou plus récemment Varanassi. Alors là, c'est incroyable, je n'en suis toujours pas revenue. Un mélange de mondes, un mélange unique comme seule l'Inde peut en inventer avec sa douceur, sa puanteur, sa misère, sa richesse et ses vestiges de toute beauté.
C'est la ville sainte et sacrée de chez sacrée, du fleuve sacré, des morts sacrés et de la soie sacrée.
La ville où les fêtes sont démesurées, où le feu brule, où l'eau jaillit, où les corps brulent, où les vaches bloquent, où les enfants mendient, où les tisserands tissent, où les sadhus s'élèvent et où les pélerins s'agglutinent par milliers.
Un monde à part où la volupté de la soie et des lumieres du soir cotoient la mort et où le luxe des ors voisine avec la famine
Au bord des ghats, grandes marches le long du quai du Gange, les sadhus prient et se rencontrent, officient et se prosternent devant Shiva et son trident . Ils sont renonçants, deviennent hors castes et pélerinent de lieux saints en villes sacrées.
Un regard .....
Ce qui est bien, c'est de s'immerger au moins trois fois dans le Gange, ce fleuve le plus pollué de la terre, où tout le monde fait sa lessive, sa vaisselle, ses ablutions, jette ses cendres, se lave et se promène en bateau.....
Hommes et femmes aujourd"hui mélangés!
Une dame faisant des galettes de bouse de vaches, utilisées comme combustible.
Et bien sur, ce que tout le monde attend, les buchers funéraires. On les voit, l'odeur de fumée et de bois est partout, ça fait partie de la vie. 400 crémations par jour, les corps enveloppés dans des linceuls de soie attendent leur tour mais ce n'est pas triste du tout. Des tonnes de buches sont pretes sur les barques à quai, des dizaines de coiffeurs tondent les fils ainés chargés d'allumer le feu libérateur.
Si tu quittes ton corps au bord du Gange, dans la cité de Shiva, si tes cendres y sont jetées, ton âme est libérée et tu serras délivré du cycle infernal des réincarnations.
L'eau lave et purifie. Rien ne lave mieux les péchés que cett eau sacrée.
La grande lessive, made in India! j'adore.....
Les couleurs des saris étendus rendent les ruines joyeuses.
Et le clou du "spectacle", ces hommes completement nus, recouverts de cendres de bouse de vaches qui vivent leur quotidien tranquillement. De temps en temps, ils enroulent leur sexe autour d'un sabre ou d'un baton et se promènent ainsi pour se déviriliser!!!si, si, je vous assure!
Une ambiance de fête foraine, mais sacrée tout de même mais aussi un calme tranquille. Le soir à Bénarès a une douceur et une paix qui remontent à la nuit des temps. On a l'impression que rien n'a changé depuis le début de la création des mythes.
Et les âmes continueront de s'élever.