mercredi 19 mars 2014

Congo Nile trail


La route de Ruhengeri à Gisenhi est superbe. Le paysage a changé, c'est presque un grand plateau où sont produits du thé et des carottes! 
Des pélicans qui broutent.....pourquoi pas!
Des colonnes de carottes dans des treillis de bambous qui s'élèvent le long des routes, debout, attendent les camions qui les emporteront vers les villes.
A nouveau, hébergée en foyer religieux....ça va devenir une habitude, ce soir , chez les sœurs bénédictines au bord du lac Kivu.
Tout au nord du pays, frontalier avec le Congo, dont on aperçoit les montagnes de l'autre coté. Encore un endroit de paix, très beau, très vert, très bien entretenu......"ils" savent bien où se mettre!
Lessive  et toilette à la source d'eau chaude

Concert incroyable d'oiseaux, devant ma chambre un arbre à cormorans....
Au petit matin, c'est le départ pour la rando le long du Congo Nile, c'est à dire le long de la crête qui sépare les deux fleuves et leurs bassins versants, sur 94 km.

Alors nous voilà partis avec nos sacs, notre bonne humeur et deux guides.
Trois jours de balades dans une autre vie, dans une autre immersion, dans une autre réalité. Des paysages incroyables, toujours les mêmes, bananiers, manioc et café jusqu'en haut des collines. Et puis d'autres collines et d'autres bananiers et d'autres plantations de café.


Des oiseaux partout, des boules rouges, des boules jaunes, des rapaces, des plumes, des queues, des ailes comme dans un aquarium. Au lieu du bleu, du vert, à la place des coraux, des feuilles. Partout des chants inconnus et tout d'un coup un sourire de reconnaissance pour la huppe, l'hirondelle ou le guêpier....
Alors le café...
caféier
la prochaine fois que vous achetez un paquet de café du Rwanda, et ben, ayez une pensée pour toutes ces femmes qui le ramassent à la main, pour toutes les autres qui le lavent et pour les heures de séchage sur les nattes en bord de piste. 

station de lavage du café
Séchage du café sur la piste
C'est fou comme travail et tout ça pour 600 francs rwandais par jour, ce qui vaut à peu près 70 cts d'euros. Je ne sais pas combien elles ramassent de kg par jour, mais elle travaillent 6 jour sur 7.
On passe aussi beaucoup dans des forêts d'eucalyptus qui sentent bon et surtout qui retiennent le sol sans arrêt emporté par l'érosion.
Une vie qui s'écoule au bord de la piste qui s'étend le long du lac Kivu. Toujours cette trouée, ce chemin, cet espoir vers ailleurs, vers la vie, vers la ville, vers la civilisation.

Enormément de misère, ça c'est un peu dur et toujours des centaines d'enfants qui te regardent étonnés que tu marches comme ça, pour rien, juste pour le plaisir. Des enfants qui ne voient pas souvent de blancs "les mzoungous" qui saluent "good morning" à n'importe quelle heure du jour, des enfants qui vont à l'école, qui jouent et qui travaillent.
C'est le pays le plus densément peuplé d'Afrique. Sa population, majoritairement rurale, augmente de plus de 2 % par an, faisant décroître la taille moyenne des exploitations d'une année sur l'autre. Ils sont passés de 250 ares à 50 ares en une décennie et ça continue! Il parait que tout va s'arranger, alors il faut rester confiants.

 

au marché international
les marchandises viennent du Congo


Toujours des paniers, mais cette fois-ci, j'ai résisté!
On a été obligés d'arrêter un jour avant, à cause de la pluie. La saison des pluies a l'air capricieuse et commence apparemment avant l'heure, à moins que ce ne soit la faute à personne ou au bon Dieu...

Heureusement qu'il est encore là, celui là d'ailleurs, parce qu'on a été obligés de se refugier dans un monastère et même dans une église tellement ça tombait. On ne pouvait pas camper, tout était trempé et nous aussi! Alors des foyers de religieux nous ont ouvert leurs cellules pour qu'on se mette à l'abri.


 
Les guides étaient complètement nuls, incompétents, raconteurs d'idioties et ne connaissant rien. Ma patience légendaire a été mise à rude épreuve, mais c'est beau, très beau.
Finalement, on a fini en bateau, perdus au milieu de nulle part, on a appelé l'hôtel où on devait terminer et un bateau est arrivé en  pleine bananeraie....C'est ça aussi l'Afrique. Il y a toujours une solution!
En attendant qu'il arrive, on regardait un monsieur qui taillait une

pirogue......
                                         et on mangeait des citrons qu'il nous avait offerts.

                          De la poésie pure!


Des enfants, des enfants, des enfants........

Toujours des enfants!
 

dimanche 16 mars 2014

Remera

En face d'un lac, au milieu des collines, face aux volcans, il existe un

endroit de paix. Des clameurs au loin, les rires des enfants, les cris et chants des oiseaux, le retour des vaches, des tambours, je ne sais pas d'où ça vient, c'est partout. La vie africaine un soir où sous la brume qui monte, tout s'uniformise.



Ici, c'est le foyer de charité de Remera. Un lieu au dessus de tout, juste la paix, au dessus de tout, au dessus des hommes, vraiment magnifique.
Ici, la nature est comme dans un jardin, jusqu'en haut des collines, l'homme cultive, transporte, plante bêche et prie. Ici, jusqu'au bout de ses forces, l'homme vit son jour.

Au petit jour, les volcans. Je ne les savais pas si près, si hauts. Hier soir dans la brume, je ne me doutais pas de leur majesté, de leur grandeur. C'est un endroit tellement beau.


Malheureusement le père "Jesoif" catholique, polonais, responsable de cet endroit depuis 18 ans, est un taré fini!
Et oui, la dure réalité de la religion m'est retombée dessus au petit dej. (j'étais là avec ma colloc et sa famille, juste avant un grand départ en randonnée. Genre étape de reprise de forces!). Il est donc venu nous voir en plein café et nous a tenu des propos complètement intégristes, sexistes, fascistes, accusant tout, les homosexuels, les femmes, la contraception, l'alcoolisme, la drogue, le mariage pour tous, les africains, les pauvres.... tout y est passé en 5min! L'église catholique dans toute son horreur. Tellement dommage dans un cadre si parfait d'entendre de tels propos. J'ai vraiment cru que Solène, ma colloc allait lui envoyer son omelette à travers la figure!





Sur le chemin, sous l'éternel parapluie arc en ciel
Puis belle balade dans le village. C'était l'Umuganda. Le dernier samedi du mois, tous les habitants se rassemblent pour travailler à une œuvre collective. Ici la route, chacun creuse, tranche, porte pour le bien de tous. Après, ils mangent ensemble et discutent des problèmes à régler dans le village. Ca parait idyllique mais c'est en fait ce qui a remplacé "la corvée"....si tu n'y vas pas, tu es dénoncé! et?
C'est pauvre, très pauvre. les gens n'ont quasiment rien.

Les vêtements sont marrons, couleur de la terre et de la poussière, troués, les chaussures sont cassées. Ils aimeraient qu'on leur donne, que faire? et les enfants jouent....
 
C'est un magnifique pays mais je ne peux m'empêcher de penser qu'ils l'épuisent. Tout est cultivé jusqu'en haut. Ils commencent à mettre des engrais partout pour augmenter les récoltes qui ne sont pas suffisantes pour nourrir la population. "Monsanto" ou son frère africain est passé par là! Ils vont droit à la catastrophe, obligeant une fois de plus la population à acheter des graines qui produisent beaucoup la première année et puis plus rien,  qui nécessitent engrais et pesticides qui tuent toute notion de semences à garder. Ils ne pourront pas en racheter, ils n'ont rien. Alors les hommes boivent, vendent leurs chèvres, puis leur vache, puis leur terre. Jusqu'à quand l'Afrique aura t'elle les poings liés par les multinationales occidentales?








Etat d'âme

Tant et tant de choses à raconter, tant de mots et d'impressions à réinventer dans ce pays qui me questionne par sa douceur et sa violence mêlées, par ses contrastes de sensations qu'il fait naitre en moi, par ses difficultés à reconnaître, à surmonter, par ses énigmes, par les "ras le bol" que je peux parfois éprouver et par le sourire que je retrouve au premier enfant rencontré!
Je reprends la "souris" mais je ne sais plus vraiment où j'en suis, je mélange un peu tout.
En fait, je fais tellement de choses à la fois, j'ai tellement de détails à régler à tout bout de champ, tellement de situations devant lesquelles je dois faire face avec "diplomatie" et vous savez tous que ce n'est pas ma caractéristique première, tellement d'inattendus et d'incroyables et d'incompréhensibles que par moment j'ai l'impression que je vais vite, très vite rentrer avant d'exploser.
Pourtant, il faut toujours que je me souvienne que j'aime ce qui n'est pas à sa place, ce qui me surprend et m'étonne. J'aime voir et surtout regarder, sortir de mes rails, être prête......Là, je suis servie!
 J'exagère un peu mais heureusement que le pays offre de réelles façons de s'échapper un peu.  C'est  toujours ce que je partage avec vous avec plaisir.
Alors je m'y remets....