mardi 18 février 2014

Au pays des volcans, le BISOKE

Tout commence par le bus. C'est déjà en soi, une grande aventure, trouver lequel part pour Musanze, avant on disait Ruhengeri...Pas difficile, je passe ma vie dans des pays où les gens font exprès de changer les noms des villes! Ici, je crois que c'est en rapport avec la réconciliation nationale mais comme je vous le disais, je n'ai pas encore tout compris à ce pays. Normal, finalement, cela ne fait qu'un peu plus d'un mois que je suis là.
Donc, je reprends, un voyage de quelques heures en bus, un petit tour au marché aux tissus
 
 
 
et nous voilà prêtes pour une nuit à Kinigi Guest house, haut lieu de départ pour les randonnées "gorilles", "singes dorés", tombe de Dian Fossey" ou plus sportivement "le cratère du Bisoke".
Pour nous, ce sera cette dernière. Une rando en forêt tropicale qui au bout de trois heures trente nous mènera à 3711mètres d'altitude dans un monde magique.

culture de pyrethre
Nous sommes parties, au milieu des champs de patates et de pyrèthre (plante qui fournit l'insecticide), vers 2400m, mais ici, à cette altitude là, la forêt est dense, très dense et la chaleur lourde, très lourde.


Nous faisions partie d'un groupe qui très vite s'est scindé en deux, les jeunes et fringants étudiants en avant et nous, d'un pas lourd et le souffle court à l'arrière. Croyez moi, si vous voulez mais j'ai cru que je n'y arriverai jamais, tellement on allait vite, je n'arrivais pas à ralentir les battements du cœur, vrai!. Je crois que j'avais une espèce de mal des montagnes avec les oreilles qui bourdonnent, mal de

 tête et grande fatigue.

Alors pour tout vous avouer, ce qui était bien, c'est que j'avais David avec moi...Qui? juste un "assistant"! Et oui, c'est comme ça, la rando, ici. Tu crois que tu pars avec un guide et puis tu as quelques hommes valeureux et costauds qui s'immiscent peu à peu dans le groupe. Tu te demandes ce qu'ils font là, ce qu'ils veulent et de fil en aiguilles, disons plutôt de branches en cailloux, ils t'aident sur une passerelle branlante, ils te donnent la main pour passer un tronc, ils te soulèvent une branche et finalement se rendent indispensables à ton ascension...Très forts, les gars et même si au début, tu déclares vaillamment: " non, non, je ne veux pas de porteurs", tu te retrouves au sommet avec toute une équipe sans qui, peut être, tu aurais fait demi-tour! Pour la petite histoire, sachez que ces "assistants-porteurs" sont d'anciens braconniers...qui se sont reconvertis, qui font partie d'une association communautaire qui partagent les sommes récoltées auprès des touristes plutôt que d'exterminer les gorilles...Alors?

Et voilà, ravie d'être arrivée en haut, d'avoir vu les nuages se déliter peu à peu au dessus du lac et nous offrir une vue incroyable, pas très fière quand même d'en avoir tant bavé mais bon, c'était le début, je ferai mieux, certainement la prochaine fois....
Un autre détail et alors celui là, encore plus incroyable, un garde devant, un garde derrière et qui dit garde, ici, dit armé! Première fois de ma vie que je suis encadrée par l'armée pour faire une rando...quand je vous dis, l'aventure est au bout du chemin et ben, c'est pas vrai, l'aventure est EN chemin....soit disant pour éviter d'être chargé par un buffle ou un éléphant, peut être!

C'est vrai, qu'on a vu des traces toutes fraiches, de gorilles aussi d'ailleurs, mais, comme on n'avait pas payé très cher pour les voir, il fallait monter vite.....surement aussi parce que de l'autre coté du cratère, disons, plutôt au milieu du cratère, c'est la frontière avec le Congo, alors "rebelles" et "clandestins" ne sont pas vraiment désirés. En tout cas, on n'a vu personne


 de louche, pas plus mal.
La descente a été un peu plus rapide, surtout qu'on a reçu une grosse pluie à la mode tropicale avec tonnerre et éclairs, ambiance. Boueuses qu'on est rentrées mais ravies!
Celui là, c'est le Kalisimbi, encore plus haut: 4507m, une autre fois.....
 

lundi 17 février 2014

Sur la piste de Nyanza

Du lac Kivu à l'ancienne ville royale de Nyanza, on prend une piste de terre pendant à peu près quatre heures et c'est très long et très dur pour le dos et les amortisseurs. Pourtant c'est pas si loin, seulement 80 km à peu près....

 
D'ailleurs par moments, on n'est pas du tout certain de passer, les traverses sur les ponts sont très branlantes et espacées, les flaques d'eau présentent des profondeurs inquiétantes.... et pourtant, on y arrive et vraiment on est très content quand c'est fini mais ce qu'il faut dire, c'est que c'est magnifique.
Alors je n'ai pas résisté à vous partager ces vues des montagnes cultivées jusqu'en haut qui ressemblent à des jardins jusqu'au ciel et qui présentent

tant d'harmonie.

Nulle part, de panneaux, d'écrits, de couleurs artificielles. Seuls traces de modernité, les bidons jaunes pour transporter l'eau que femmes et enfants portent et portent encore,

de temps en temps, un vélo qui sert à porter de nombreuses charges très diverses et quelques rares fils électriques.
C'est sur, c'est beau, mais très misérable et très pauvre.
Et partout des gens qui marchent, qui marchent, qui marchent
Maisons en terre de briques de terre, couvertes de tuiles de terre....sauf de temps en temps quelques toits de tôles qui brillent au soleil et qui donnent un coté féérique au paysage.
Plantation de thé
Et puis quand on arrive, c'est Nyanza, ancienne cité royale où le roi, le Mwami habitait avec ses femmes dans des huttes de paille et de papyrus tressé. Le dernier a laissé le pouvoir en 1961, après la déclaration de la république rwandaise, juste avant l'indépendance. Bon d'accord, il a quand même eu un autre palais entre temps. Je n'ai pas pu prendre de photos à l'intérieur (pas le droit) mais c'était superbe. Des panneaux tressés qui séparent des pièces arrondies, une autre forme de yourte quoi!
Au Rwanda, les vaches ont aussi incroyables, des cornes de presque un mètre et qui font pencher leur tête. Celles ci font partie du troupeau national et sont décorées de jolis bandeaux!


 

dimanche 16 février 2014

Le lac Kivu

 




Allez, après ce récit de l'école, je vous emmène au bord de la mer intérieure du Rwanda, qui fait frontière avec le Congo, le lac Kivu et plus précisément à Kibuyé.
C'est un très bel endroit, chargé d'histoires, la récente malheureusement qui a vu de nombreux drames pendant le génocide. Des milliers de morts et beaucoup de souvenirs, des mémoriaux un peu partout mais ici, comme ailleurs, la vie est repartie, peuplée d'enfants qui courent partout, de femmes qui chantent dans les églises en dansant, de couleurs, de douceurs, de gentillesse. Quand on est au Rwanda, on a du mal à croire à ce qui s'est passé, c'est carrément inimaginable, tellement les gens sont gentils, attentionnés et tranquilles.


Alors une petite ville au bord d'un lac où sont entrain de s'installer de grands et beaux hôtels, on se croirait au bord du lac de Come. Il y a aussi des centres de charité ou religieux qui t'accueillent comme dans un hôtel dans des lieux paradisiaques, même avec de la bière!


Et puis sur tout le lac, des iles où des bateaux t'emmènent faire un tour. Sur une d'elles, l'ile Napoléon (à cause de sa forme qui ressemble à un chapeau) nous sommes montées jusqu'au sommet à travers des centaines de millions de chauves-souris. Il y en avait partout qui s'envolaient à notre passage, la folie. Je n'en avais jamais vu autant et en haut, une énigme nous attendait. Voyez la photo, si quelqu'un trouve ce que c'est, qu'on me le dise, même notre guide et les habitants d'ici ne savaient pas d'où ça venait, alors à vous!

C'est quoi ça?


 Le soir, nous avons baladé à pied, nous sommes tombés sur des pêcheurs qui partaient pour la nuit. Ils ont des pirogues immenses qui vont par trois, c'est beau, surement précaire aussi. Ils pêchent des tilapias.
Et puis, des chants nous ont attirées, nous sommes rentrées dans un lieu qui ressemblait à une église, à une école, on ne savait pas trop. C'était la répétition de la chorale qui allait chanter le lendemain .




Du coup, le matin, à 9h, nous y sommes retournées et nous y avons reçu un accueil incroyable, à peine imaginable. Alors l'église, la messe, chez eux, c'est vraiment la fête, tout le monde chante et danse, pourtant dans les églises de Kibuye des milliers de gens ont été massacrés mais la joie a repris le dessus. Il y a le chœur des enfants, des mamans, des autres, des tambours qui marquent le rythme,  les mamans qui donnent le sein, les enfants qui dorment sur les nattes, tout le monde se lance dans des solos superbes et ça tape dans les mains, et ça prie, et ça danse.....
Je n'ai pas osé prendre de photos, c'est quand même la messe, mais vous pourrez sans difficulté, imaginer. Gibou a enregistré mais je n'ai pas encore compris comment je pouvais les lier avec mon blog. En plus, on a du prendre la parole, se présenter et faire tout comme eux. On aurait bien aimé danser mais on n'a pas osé aller jusque là. Je sais maintenant que beaucoup de gens prient pour moi, ça me rassure! On a fini par partir avant la fin, ça n'en finissait jamais....

A l'école

N'oublions pas, je suis venue pour travailler. Et comme je ne sais faire que ça, je suis retournée à l'école. Certains d'entre vous, chers amis lecteurs, sont peut être déjà au courant, mais la vie réserve


des surprises...
J'ai donc été recrutée en tant que jeune retraitée, active et dynamique pour apporter mon soutien linguistique et pédagogique aux profs de collège, ma foi, pourquoi pas.

les filles en rose...comme partout!

on verse et on déverse et ça éclabousse...
 Puis, l'homologation AEFE de l'école pointant son nez, on m'a demandé de développer l'éducation scientifique et l'éducation à l'environnement à l'école élémentaire, facile!
Et finalement, j'ai été embauchée en tant que conseillère pédagogique en maternelle.....Ca c'était les débuts, disons les trois premières semaines. C'est l'Afrique, je m'adapte.
Et puis, paf, la directrice en titre, un peu trop dirigiste, maladroite, angoissée et se perdant dans son pouvoir, s'est fait licencier. Et oui, carrément, reconduite à l'avion, du jour au lendemain! Elle ne plaisait pas aux membres du conseil d'administration, en gros, elle voulait leur donner des leçons, et ça, ici, ça ne passe pas du tout, mais pas du tout! La semaine a été rocambolesque, on se serait cru dans un feuilleton avec comme acteurs les personnalités suivantes: ambassadeur, conseiller culturel, directrice administrative, profs en tous genres qui filaient doux, membres du CA,  mzoungous de service (nous les trois blancs de France...), un vrai
psychodrame!
Le Monde entier nous appartient
Et qui c'est qui est devenue directrice maintenant?
Et ben, c'est moi, oui, oui, c'est moi! Vous savez bien, même pas peur....enfin presque pas!
Alors du coup, je découvre un nouveau monde, celui des lycées et collèges, celui des profs et de leurs emplois du temps, celui des examens à faire passer aux troisièmes, premières et terminales à l'autre bout du continent, celui des surveillants à recruter, de la sécurité à
gérer, des escaliers à protéger, des services de la cantine à organiser et j'en passe, je n'ai pas touché terre de la semaine.
Mais heureusement, il y a les petits de la maternelle, les instits qui m'attendent comme leur "meilleure amie", les anciens profs qui m'aident autant qu'ils peuvent et une super alliée qui s'occupe des comptes et de l'administration. Heureusement qu'elle est là parce que pour moi, ce n'est pas très très facile de m'y retrouver surtout avec tous les postes administratifs, je suis un peu perdue.Vous voyez ce que je veux dire, facile, comme boulot!
Mais ça m'amuse encore, je me régale, je passe de mon bureau, aux classes de terminale, puis je retourne chez les petits, puis je monte et je descends des escaliers (c'est les 1000 marches ici), puis je vais rencontrer l'ambassadeur, puis je demande aux ouvriers de réparer les portails, puis j'annonce aux parents que je vais fermer l'école à 8h le matin, qu'on n'est pas dans un moulin....c'est varié de chez varié. Heureusement que j'ai profité du pays en arrivant parce que ce weekend, je n'ai fait que dormir tellement je n'en pouvais plus!
Je vous enverrai des photos régulièrement promis.
Ca, c'était la semaine dernière, cette semaine fut la presque la même, avec en prime et pour mon bonheur, la visite de l'usine de traitement de l'eau de Kigali avec une classe de CM. Impressionnant.....

et ce weekend, pareil, je n'ai fait que dormir! Juste, cerise sur le gâteau, la remise officielle des diplômes du Baccalauréat aux lycéens de l'année dernière. Moment fort et chargé d'émotions, sympa.
Cette semaine, ce sont les vacances qui commencent, je vais quand même y aller un peu, pour faire avancer des dossiers et être un peu plus tranquille car moins sollicitée par de petits détails organisationnels.